Les Rameaux


Voici ton roi vient à toi

Gilles Castelnau

Zacharie 9. 9-10
Sois transportée d’allégresse, fille de Sion !
Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !
Voici, ton roi vient à toi;
Il est juste et victorieux,
Il est humble et monté sur un âne,
Sur un âne, le petit d’une ânesse.
Je détruirai les chars d’Ephraïm,
Et les chevaux de Jérusalem;
Et les arcs de guerre seront anéantis.
Il annoncera la paix aux nations,

Nous sommes en 333 avant JC. Alexandre le Grand surgit de Macédoine et de Grèce. Avec sa grande armée, il traverse la Turquie et arrive au Proche-Orient. La ville de Tyr, en Phénicie prétend résister : Alexandre la prend, fait massacrer 8000 habitants et en fait vendre 30 000 comme esclaves. Les autres villes ont compris et ouvrent leur porte au vainqueur prestigieux.
Il est, en effet séduisant. Il apporte la brillante culture hellénistique avec ses constructions à colonnes, ses théâtres, ses concerts, ses courses de chevaux, ses Dieux, ses philosophes, sa vision moderne de la société et du monde. Par contraste la manière d’être ancienne paraît bien terne et étroite.
Alexandre embauche les garçons dans sa cavalerie et les filles lorgnent les beaux uniformes. Ce jeune roi est volontaire, capable vivant, dynamique. Un enthousiasme nouveaux apparaît. On se sent dirigé, respecté.

Zacharie écrit en hébreu (ensuite on écrira en grec)

Sois transportée d’allégresse, fille de Sion !
pousse des cris de joie fille de Jérusalem
Voici ton roi vient à toi.
Il est juste et victorieux.

Évidemment c’était la loi des victorieux, des forts, des « sauveurs ».
Tant pis pour les faibles, ceux qui ne savaient pas monter à cheval
qui n’ont pas d’initiatives… tant pis : cela fait plaisir quand les choses marchent.

« Il est juste ». Bien sûr on n’oublie pas ce qu’il a fait à Tyr, ses 8000 massacrés et ses 30 000 esclaves. Mais après tout tant pis pour eux : ces gens n’entraient pas dans le mouvement dynamique de la société moderne.

Bien sûr ce n’est pas ce qu’on disait lors du couronnement des rois d’Israël dont l’ancienne liturgie n’est pas oubliée :

Psaume 72
O Dieu, donne ton jugement au roi
Et ta justice à ce fils de roi !
Pour qu’il conduise ton peuple avec justice
Et tes malheureux avec équité.
Pour qu’il fasse droit aux malheureux du peuple,
Et qu’il sauve les enfants du pauvre

Alors Zacharie continue

Il est doux et monté sur un âne,
sur un âne, le petit d’une ânesse.
Je détruirai (dit Dieu) les chars de combat
et les chevaux de Jérusalem
Les arcs de guerre seront anéantis.
Il annoncera la paix aux nations

Le roi d’Israël que l’on couronnait avec ces paroles liturgiques, ne devait pas être dominateur. Il ne devait pas faire de massacre, ni vendre des esclaves :

la paix aux nations se dit en hébreu : « chalôm la goïm »
le « chalôm » est plus que la paix, c’est une paix totale.

Chacun sous sa vigne, sous son figuier,
chacun boit l’eau de sa propre citerne.

Les « goïm » sont toutes les autres nations : le roi d’ Israël doit être capable de leur apporter la paix.

Ce roi annoncé par Zacharie n’était donc pas Alexandre. Aucun autre non plus n’est venu investi de ces éminentes qualités.
On a pourtant continué à lire le Psaume 72 et à l’enseigner aux enfants. Il représente bien le roi qui est digne de notre fidélité.
Les croyants ne pourront pas donner vraiment leur cœur à un autre.

.

Nous sommes en l’an 33 de notre ère.

Jésus est celui qui répond parfaitement au roi couronné par la liturgie du Psaume 72. Il est celui à qui on peut véritablement donner son cœur.
N’a-t-il pas dit, par exemple

Heureux les doux, la terre leur appartiendra

C’est tout naturellement que les évangiles on narré son entrée à Jérusalem monté sur un âne.
Zacharie proposait une alternative à Alexandre, les évangélistes en proposent désormais une au règne de Ponce Pilate, Tibère, Domitien…

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Nous sommes en l’an 2024.

Nous lisons encore Zacharie et Matthieu.
En lisant l’Ancien Testament et le Nouveau nous comprenons à qui accorder notre confiance. Nous comprenons aussi comme nous réformer lorsque nous sommes tentés de donner notre cœur à un Alexandre, à un Domitien ou un autre dirigeant dont l’idéologie, la politique, l’idéal ne seraient pas dignes de ce que Dieu veut pour le peuple et pour les goïm.

– Zacharie interpellait les Israélites de l’an 333 en leur demandant s’ils avaient raison d’approuver celui qui entrait dans Jérusalem sur son cheval de guerre. Convenait-il vraiment de lui être fidèle ?
Son royaume est-il vraiment le vôtre ?

– Les évangélistes posaient à nouveau la question à propos de celui qui entrait dans Jérusalem sur un âne

– Aujourd’hui en France dans l’incertitude sociale, morale, politique qui est la nôtre, parmi les idéaux qui s’opposent, parmi les diverses manières de considérer la vie des hommes et de prendre position, parmi tous les dirigeants qui se proposent de régner dans nos cœurs, il nous faut discerner celui que nous acclamons. Et cette question certainement aussi importante et embarrassante qu’en 333 av. JC et en 33 ap. JC.

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